L’homme, âgé de 68 ans, qui réside dans un village au sud de Toul, à la limite des Vosges, a été reconnu coupable d’agressions sexuelles et de viols aggravés commis en 2008 sur cette ado handicapée qui lui avait été confiée dans le cadre d’un placement.

En septembre 2013, lorsque Jean-Marc (1) se présente au commissariat de Thionville, pour y répondre à une convocation, il a des doutes. « Ma fille ne répondait plus à mes appels. Depuis ma sortie de prison, elle ne voulait plus me voir. Je savais qu’elle en avait sans doute parlé… ».

Alors, ce quadragénaire installé à Longeville-les-Metz apporte aux enquêteurs lui-même une clé USB. Elle contient des centaines d’images pédophiles ainsi que plusieurs dizaines de vidéos.

Cet homme de 49 ans, qui comparaît libre, est poursuivi depuis hier devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle pour ces faits de détention d’images interdites, mais surtout pour d’autres, encore plus graves. Pendant près de huit ans, ce père de famille a abusé de sa fille, d’abord par des attouchements répétés, puis plus tard par des viols. Aux domiciles de Gorcy, Longwy et Villerupt où a habité la famille au gré des déménagements, l’enfant a vécu les agressions sexuelles puis les viols entre 6 et 14 ans, finissant par refuser d’aller voir son père après la séparation des parents. Puis à franchir, un jour de septembre 2013, la porte du commissariat de Thionville pour tenter de se délivrer de ce fardeau.

La volonté de se reconstruire

Le père a reconnu la matérialité des faits et les mécanismes de contrainte morale pour parvenir à ses fins, en l’absence de la mère partie travailler de nuit. Et s’il a, un temps, sous-tendu que l’enfant « voulait faire plaisir à son père », il assume aujourd’hui sa responsabilité et les viols par ascendant. 

Deux fois, son épouse l’a surpris en rentrant du travail au petit matin, sortant de la chambre de sa fille. « Elle a fait un cauchemar, je suis allé la rassurer », lui a-t-il justifié.

Quelques années plus tard, il était incarcéré pour détention d’images pédopornographiques. Au fil des investigations, les enquêteurs ont également recueilli les témoignages d’un neveu et d’une nièce, qui évoquent de pénibles « images » de gestes déplacés, enfouies dans les profondeurs de l’enfance, avec des écarts interdits de leur oncle.

Digne, la fille de Jean-Marc, aujourd’hui âgée d’une vingtaine d’années, fait face à son père violeur, avec l’intention de se reconstruire. Longtemps, elle a hésité entre la culpabilité de le dénoncer, et la haine. Dans ce procès appelé à se prolonger sans doute lundi, l’accusé encourt vingt ans de réclusion criminelle.

 

Auteur de l'article : Antoine PETRY

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